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Régionalisme, fédéralisme, et la république

Lors du colloque organisé par paìs nóstre de Narbona lo 27 janvier 2024 , des intervenants, du réservoir de pensée «bolegadis» sont venus plaider pour une «république française régionalisée».

J'ai tenté d'argumenter, mais mon argumentaire improvisé manquait de consistance, sur le fait que «république française» et régionalisme, sans même parler de fédéralisme, sont totalement incompatibles. Je voudrait préciser ma pensée…

Faisons d'abord un constat : notre système républicain démontre ses limites, et ne durera pas. Il faut donc penser á son remplacement, á minima par une autre constitution. Démonstration des limites faite par tous les intervenants au long de cette journée. C'est pour cela qu'ils étaient invités me dira-t-on ? Oui. Mais enfin, tout un chacun en fait le constat tous les jours d'un point de vue pratique :

  • nos gouvernant réagissent à des effets d'annonce, font des opérations de communication, mais de politique au sens propre avec un objectif clair sur un projet d'avenir, il n'y en a pas. La différenciation des projets politiques en fonction des partis est, depuis 1983, indiscernable. C'est le sentiment général des gens de la rue qui s'intéressent au sujet, et il suffit pour s'en convaincre de lire (Juan Branco et son «crépuscule» ; Florent Guenard , la passion de l'égalité ; Jf. Khan qui publie régulièrement dans «marianne» ; Valéry Jiscard d'Estaing et son entrevue dans la revue des 2 mondes ; etc…etc..).
  • la production de normes, i.e. de lois, ne répond plus à un besoin législatif mais surtout à un dictat immédiat de répondre à l'actualité. C'est à dire une opération de communication, qui traduit des postures dogmatiques, telles qu'illustrée par la récente loi contre l'immigration (voir par exemple le débat http://rf.proxycast.org/494634b5-cdb6-4950-a6dd-6d50d1e4f608/10075-26.01.2024-ITEMA_23627752-2024C2718S0026-21.mp3 ).
  • les points ci-dessus montrent la médiocrité de nos politiciens. Il n'est, pour s'en convaincre, qu'a comparer les actions et dispositions prisent par les ministres du début de la 5ième république et ce qu'il en est aujourd'hui.
  • la nature pyramidale de la république française, induit de fait, une forme d'autoritarisme. Cet autoritarisme est exacerbé depuis le quinquennat de Sarkosy, et particulièrement de son dauphin, E. Macron dit Jupiter. Cet autoritarisme n'est pas unique à la France mais suscité par le libéralisme (lisez par exemple Grégoire Chamayou, la société ingouvernable). Cependant la structure très centralisé de la république française amplifie le problème. Et le mouvement des gilets en jaunes en témoigne, mais interrogez qui vous voulez dans la rue, le sentiment est général : le gouvernement ne défend pas nos intérêts, mais des intérêts privés économiques. De plus, cet autoritarisme récemment décomplexé, est clairement devenu arbitraire : quelques centaines de personnes à sensibilité écologique, pacifistes, vont tenter d'amener un peu de bon sens dans un champ au milieu de nulle part, sont traités comme des terroristes avec même une obstruction au secours des victimes de la police d'état ; de l'autre côté, des agriculteurs bloquent un pays et comportent comme des vandales…. pas de réaction policière.
  • toujours à propos d'autoritarisme, ainsi que cela fut évoqué par Nathalie Mader , Maître de conférences à l’Université de Toulouse, intervenante durant ce colloque), ce sont les préfets, donc l'état, qui verrouillent absolument tout ce qui se passe sur notre territoire. Et qui à ce titre d'ailleurs, passent beaucoup de temps à faire des dérogations : cela permet nationalement de faire une annonce de lois partiellement impopulaire, sans qu'elle ne s'applique localement si c'est trop fâcheux… ce qui rend là aussi dangereusement précaire le sentiment de nos concitoyens d'avoir une gouvernance cohérente et juste.

Comme si ce dévoiement de la république française ne suffisait pas à démontrer que la 5ième république est devenue un système intenable, nous pouvons ajouter ceci : la centralité pyramidale du pouvoir, voulu par la constitution, est absolument antinomique de toute notion de régionalisme ou de fédéralisme. Constatons pour cela que, depuis la 1ière république, l'état est centralisé et dénigre les provinces avec un comportement raciste et colonial. Colonial en concentrant la gouvernance, et la valeur économique en île de France. En effet, à deux exceptions près, les entreprises du CAC 40 sont tenues d'avoir leur siège en île de France. Ces deux exceptions sont airbus, et cela fut imposé dans la première décennie 2000 par la présidence allemande qui y a passé 4 années d'efforts. La deuxième est Michelin, dont la famille dirigeante à tenu bon, pour restée encrée chez elle, à Clermont Ferrand ( et nous devrions leur rendre hommage pour cet acte héroïque).

Je pourrai développer sur le racisme français vis à vis des régionaux, et particulièrement de provençaux et autres occitans, mais il faudrait y consacrer un article complet. Cependant, là aussi faisons simplement un constat : relisons les discours historiques et vous constaterez par vous-même que le dénigrement des provinciaux est nécessaire à la justification de la concentration des pouvoirs politiques et économiques en île de France. C'est historique, car cela a commencé dés le 13ième s. bien sûr, en traitant les cathares comme des non catholiques, ne faisant même pas partie du monde chrétien, ce qui, à cet époque vous plaçait de facto comme inférieur, et en postulant que tous les occitans étaient cathares, ce qui justifia une croisade. Un dernier exemple guerrier, c'est en 1914, lorsque qu'un de nos très célèbres généraux - je ne sais plus lequel de Foch ou Clémenceau -, devenu maréchal après guerre, proclama que nous avions perdu Verdun à cause des provençaux, avant de stagner sur place, à la première bataille. Alors que c'est l'erreur stratégique du commandement qui en était la cause, et que les premiers à s'être débinés était la supposée élite Française, les deniers à s'être repliés, étaient précisément les occitans. Il fallait un bouc émissaire, aujourd'hui ce seraient les étrangers, là, c'était les occitans. Dans les deux cas, le dénigrement prend ses racines dans le racisme. De toutes façon, c'est bien connu, dans le midi on travaille peu, on fait la sieste…

Ce formatage forcené à l'encontre de tout ce qui n'est pas francilien, au fait que seule LA France est une existence séculaire, que rien d'autre n'existait, n'existe, n'existera, est martelé depuis des siècles. Et la révolution accompagnée de ses républiques n'y ont rien changé au contraire. D'ailleurs la «république» fut créée comme instrument d'unification du territoire pour lutter contre les royaumes alentours. Ce n'0est pas pour rien que l'hymne nationnal soit un chant guerrier s'il en est. Unité guerrière donc qui est le fondement indissociable des républiques françaises et de leurs territoires:

La France et SON territoire… définit et immuable lui aussi depuis les gaulois, n'est-ce pas? Sauf que l'Alsace n'est redevenue Française qu'en 1945, et que le territoire Français n'est ce qu'il est que depuis 1962 (rappelons que l'Algérie était un département au même titre que le bas Rhin ou l'Aude).

Culturellement, il suffit de lire le que sais-je sur la langue Française, pour ce rendre compte à quel point l'auteur est empêtré avec cette France et son français de 2000 ans d'âge, citant lui-même des auteurs italiens du 11ième s. qui ne font état que de langues germaniques, ou d'Óc, mais rien de français ou de même du «roman» cité par l'auteur comme un proto-français. De là à en déduire que le proto-français est l'occitan, et donc que le patois c'est le français et non pas l'occitan… il y a un pas que je ne franchirai pas, bien sûr.

Conclusion : comment avec tout cela, nos amis de bolégadis peuvent-ils continuer de prétendre que régionalisme, rêvons un peu, fédéralisme (ou même liberté, égalité, fraternité), ne soit compatible avec «république française» ?

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